L’histoire de l’AJECTA (les origines 1968-1999)

L’AJECTA est née, il y a plus de 50 ans, de la passion de quelques amis, tous amoureux du vieux chemin de fer, celui des gueules noires et des lignes secondaires. A la fin des années 60, la vapeur était moribonde et son extinction inéluctable. mais le parc des locomotives est encore assez important. Il subsiste à cette époque quelques lignes secondaires à voie normale ou à voie étroite et les chemins de fer touristiques, tous à voie étroite, sont peu nombreux : Cap Ferret, St.Trojan, Pithiviers, Meyzieu et Abreschviller qui débutent.

08 mai 1971: l’un des derniers trains à vapeur entre Eix et Verdun remorqué par la 140 C 122 (photo Pierre Debano)

Nombre d’amateurs parcouraient la France, appareil photo en main, pour recueillir des images de ses derniers panaches. 

C’est à cette époque qu’une poignée de jeunes passionnés de la région parisienne, rêvant de faire revivre une ligne de chemin de fer secondaire, décide de créer l’AJECTA, Association de Jeunes pour l’Exploitation de Chemins de fer Touristiques et d’Attraction, qui évoluera plus tard en Association de Jeunes pour l’Entretien et la Conservation des Trains d’Autrefois.

L’AJECTA est déclarée le 8 novembre 1968 et l’association a l’espoir de reprendre l’exploitation de la ligne à voie métrique de Florac à Ste.Cécile-d’Andorge, que viennent de fermer les CFD (Chemins de Fer Départementaux). 

Après l’échec de ce projet, l’idée germe d’une installation en région parisienne et d’une nouvelle orientation vers la voie normale. L’assemblée générale du 18 décembre 1970 va définir les orientations futures.  Le dépôt de Longueville est déniché par hasard (c’était la remise d’Esternay qui était convoitée), un dépôt inutilisé depuis quatre ans, près de Provins (77). Un dépôt d’une vingtaine de voies et une rotonde en charpente, avec plaque tournante et voies d’accès; le tout vide, abandonné et envahi par la végétation.  Puis, c’est une visite au dépôt SNCF de Chaumont, en avril 1972, qui sera le véritable détonateur. La 130 B 439 est en grande réparation et doit reprendre du service à des fins touristiques (ce qui ne sera finalement jamais réalisé). Pourquoi ne pas faire la même chose ? C’est ainsi que les lignes directrices de l’action de l’association ont été tracées. 

La découverte de la 040-TA-137 au dépôt SNCF du Mans. Puis de la 130-B-476 garée depuis un an au dépôt de Gray, en compagnie de la 130-B-348, poursuivent l’élan d’enthousiasme. 

Au printemps 1971, les négociations avec la SNCF pour la reprise du dépôt de Longueville aboutissent à une cohabitation sur le site avec la Société Otico (vente et rechapage de pneus d’occasion), ce qui permet d’éviter un loyer trop lourd. Ainsi, l’AJECTA loue 14 voies et Otico cinq, plus l’ex-atelier et les ex-bureaux, la SNCF gardant une voie pour le SES (Service électrique et signalisation).

La concrétisation des projets en voie normale attire de nouveaux passionnés à l’AJECTA. A la fin du printemps, la 040-TA-137 encore sous timbre et la 130-B-476 à chute de timbre et inutilisable dans l’immédiat, sont achetées à la SNCF. La 130-B arrive à Longueville le 6 juillet, suivie de la 040-TA le 12 juillet. Toutes deux sont acheminées froides. Le 14 juillet 1971 restera une date mémorable dans les annales de l’Ajecta. Deux jours après son arrivée, la 040 TA encore débiellée est allumée sur la plaque tournante. Les bielles sont mises en place alors que la chaudière monte en pression. Elle évolue ensuite sur les voies du dépôt envahies par les herbes. Ce premier allumage au dépôt de Longueville a réuni la quasi-totalité des permanents (les membres les plus assidus, qui passent les week-ends entiers sur le site) et leur a permis de s’initier à la chauffe et à la conduite. Un rêve vient de se réaliser. Mais la première tâche est de rénover le dépôt, qui n’abrite pour le moment que deux machines. Il faut réparer et remettre en place les rideaux métalliques, remplacer des tuiles, des carreaux cassés, etc.

Et dès cette première année placée sous les meilleurs augures, on envisage un train à vapeur sur le réseau SNCF, la 040-TA étant parfaitement apte à l’assurer. De plus, la ligne vers Provins et Villiers-St.Georges tend les bras à l’AJECTA. La SNCF consultée ne s’oppose pas au projet et l’association obtient la rame “armistice” composée de voitures à essieux et portières latérales d’origines Est et AL, qui arrive de Noisy-le-Sec le samedi 23 octobre avec en renfort une B6t dite “boîte à tonnerre”. Ce matin- là, la 040-TA est allumée pour un long week-end et effectue quelques allers-retours sur la voie 15, avec à son bord les membres présents qui se relaient au manche ou à la pelle. L’après-midi, elle est prise en main par les agents des CFTA. (Chemins de Fer et Transports Automobiles, qui exploitent la ligne pour le compte de la SNCF). Le dimanche 24 octobre 1971, c’est le grand jour. Le train Paris – Troyes arrive sous un soleil radieux à l’heure du déjeuner, et amène beaucoup de voyageurs. Pour le départ à 14h30, la rame est vraiment pleine, jusqu’aux fourgons fort appréciés des vaporistes.

L’ambiance est à la fête, les passionnés se retrouvent, le quai de Provins est noir de monde et fanfare et majorettes sont là ! Ensuite, arrêt-photos au pont de Richebourg, à Léchelle pour une prise d’eau (il y a encore une grue hydraulique), et à Villiers-St.Georges le café local est pris d’assaut. Il fait chaud et il fait soif. Le retour vers Longueville se fait, comme à l’aller, escorté par une armada de voitures suiveuses. Le bilan de cette journée inoubliable est plus que positif : les voyageurs sont contents, les membres de l’AJECTA fiers et heureux, d’autant plus que ce train laisse un petit bénéfice. Seul petit regret, la conduite et la chauffe de la 040-TA ont dû être assurées par les agents CFTA de Provins, et ce dès la gare de Longueville 

Dès à présent, l’équipe d’amis prévoit des circulations pour 1972, sur Villiers-St.Georges, vers Montereau et peut-être vers Gray. En attendant, les activités ne manquent pas pour cet automne. Le re timbrage de la 130-B va commencer, tandis que l’outillage indispensable et des pièces détachées sont récupérés dans les dépôts vapeur SNCF, notamment celui du Mans. Le plus urgent est bien de monter un véritable atelier d’entretien, car jusque-là le seul outillage utilisé était celui des membres et consistait en petites caisses à outils. Pour étoffer le parc de matériel, il est envisagé d’acquérir une voiture Pullman CIWL réformée, car il y en a plusieurs de garées à Villeneuve-Prairie. Mais la CIWL consent seulement à vendre la n° 4038, une ex-Pullman type Flèche-d’Or “série complémentaire”, transformée en restaurant-bar depuis 1935. Grâce au financement de quelques membres, elle est achetée le 6 décembre et repeinte par la Compagnie avant son acheminement vers Longueville. Il est très important de préciser ici que la CIWL autorise l’utilisation de cette voiture sur des trains spéciaux, ainsi que le maintien de l’ancienne raison sociale et des monogrammes historiques. Le 9 octobre était arrivée par la route une machine de l’ancien réseau métrique des Côtes-du-Nord, la 030-T n° 36 qu’un membre avait sauvé, et qu’il tenait à conserver. La rotonde abrite trois locomotives. Et de nouveaux passionnés de la vapeur continuent à venir grossir les rangs de l’équipe. La vie au dépôt à cette époque est pourtant plutôt rude. Il n’y a aucun confort, pas de local, pas de réfectoire (tout est dans la zone occupée par Otico). Il faut se contenter du restaurant en face de la gare et de ses quelques chambres plutôt délabrées, mais la priorité n’est pas au confort. La plupart des permanents ne viennent en fait qu’une seule journée.

En cette fin 1971, la ligne Paris – Bâle est déjà diéselisée, mais les CFTA de Provins utilisent encore des 141-TB Est, venues de Nogent-Vincennes à la fermeture de la ligne de la Bastille. Il s’agit des machines n° 407, 447, 457, 460 et 500. Elles assurent la desserte marchandises du lundi au samedi, alors que le service voyageurs est confié aux autorails 150 ch unifiés et leurs remorques. Il subsiste encore une ambiance “vieux chemin de fer”, d’autant que la gare de Longueville a gardé son aspect d’autrefois avec abris de quai d’origine, portiques à signaux mécaniques, poste d’aiguillages Saxby et château d’eau. Au début de l’année 1972, acquisitions et récupérations continuent de plus belle. Un jeu de vérins de levage électriques est acheté à la SNCF avec divers matériels et les CFTA offrent leur ancien wagon atelier, le L-260. La voiture restaurant-bar n° 4038, repeinte en bleu et crème, arrive le 20 février. Il faut compléter sa décoration par les filets et les inscriptions, mais surtout remettre les tables de la salle au pas des fenêtres et remonter l’équipement électrique ainsi qu’installer des coffres à batteries, car la CIWL les avait conservés. À ce moment, un membre décide d’acheter une des 141-TB Est de Provins. C’est ainsi que la TB-407 arrive en feu, par ses propres moyens, le 5 mars. L’intégration de cette machine au petit parc de l’association amène beaucoup de nouvelles adhésions, car l’AJECTA continue à faire ses preuves de sérieux. Le programme des circulations pour cette année annonce un train sur Villiers-St.Georges le 23 avril avec la 040-TA, sur Montereau le 18 juin et le 1er octobre avec la 141-TB, et à nouveau Villiers-St.Georges le 30 octobre avec la 040-TA. La voiture-bar 4038 est prévue sur tous les trains, en compagnie de voitures louées à la SNCF : banlieues Est et B10 t métallisées “Romilly”. Une partie de l’équipe, dont plusieurs nouveaux, entreprennent la restauration de la TB-407, pendant que d’autres œuvrent sur la 4038 afin qu’elle soit prête pour le premier train de la saison. D’autre part, il est indispensable de constituer une réserve de charbon et de briquettes. Ainsi, le déchargement d’une trémie de 20 t de charbon provenant d’ex-dépôts vapeur occupe tout le monde à la mi-avril. Le premier train de la saison, le 23 avril entre Longueville et Villiers-St.Georges, est à nouveau un succès. La 040-TA-137 est vaillante en tête de sa rame de voitures métallisées ex-PLM et l’ex-Pullman 4038 a fière allure. Un service de bar y est assuré par plusieurs membres en veste blanche. À l’occasion du second train de l’AJECTA, les autorités locales ont été invitées. Le député-maire de Provins, Alain Peyrefitte, accompagné de son épouse et de son fils, et de l’adjoint au maire de Longueville, montent sur le tablier de la 040-TA-137 pour la photo officielle. Le champagne est servi aux invités d’honneur dans la Pullman 4038, et ils quittent enchantés le train en gare de Provins.

Pour le train du 18 juin, il faut préparer la 141-TB-407. Bien que toujours sous timbre, elle est arrivée au dépôt en triste état : peinture délavée, traces de rouille, tôle bosselée. Pour lui rendre un bel aspect, on gratte, on ponce, on enduit plusieurs fois avant de pouvoir la repeindre. D’autres membres nettoient et astiquent tout ce qui est en cuivre ou en bronze. Pendant cette même période, l’association qui cherchait un engin de manœuvre, rachète à un ferrailleur un locotracteur à accumulateurs de type AE-104 Schneider, qui devrait pouvoir être transformé en diesel-électrique. Puis l’AJECTA a l’occasion de récupérer la machine de la sucrerie de Nangis, la Rimaucourt, de type 030-T qui porte le numéro SE 3032. Avant d’être vendue à la sucrerie de Nangis en 1950, elle avait appartenu à la Société Générale des Chemins de Fer Économiques, et servit sur la ligne de Gudmont à Rimaucourt en Haute-Marne à partir de 1887. L’achat de cette locomotive, tout comme les précédentes, répond à l’orientation choisie de se limiter à de petites machines simples qui peuvent être entretenues par des amateurs avec des moyens limités. Le recours à un atelier SNCF serait trop onéreux pour une association de bénévoles. Le transfert de ces engins se fait par la route, sur une remorque surbaissée, jusqu’à Provins. Là, une estacade de déchargement est préparée. Le locotracteur arrive fin mai et est stocké sur une voie de débord en attendant que la Rimaucourt le rejoigne le 3 juin. C’est ensuite la BB-551 des CFTA qui achemine les deux engins à Longueville. La réfection du locotracteur est aussitôt entamée, car on en a grand besoin pour remplacer la force des bras. Les travaux sur la 141-TB quasiment achevés, une marche d’essai jusqu’à Provins est effectuée. Ses peintures d’apprêt lui donnent un aspect surprenant, plutôt bariolé ! Une tâche importante est aussi accomplie en ce printemps 1972 : de nombreuses traverses sont remplacées sur la voie d’embranchement qui en avait bien besoin Le samedi 17 juin, la joie de la préparation du deuxième train de la saison qui va conduire les voyageurs jusqu’à Montereau, est gâchée par l’annonce de la catastrophe de Vierzy qui a eu lieu la veille. Le 18 juin, la 141-TB cabine en avant, magnifique avec sa belle peinture “vert SNCF” et ses bronzes et cuivres dûment astiqués, est prête au départ avec la 4038 et quatre voitures de banlieue Est. Ce train, baptisé “Train de Papa” (c’est la fête des pères) ou “la pelle du 18 juin” par les membres enthousiastes qui ne manquent pas d’humour, franchit une nouvelle étape : emprunter la ligne principale Paris – Bâle. Un premier arrêt à Flamboin permet à la TB de changer de sens et de repartir bien orientée vers Montereau. La rame n’ayant pas l’intercirculation, on profite de l’arrêt aux Ormes-sur-Voulzie pour distribuer les plateaux-repas. Les couverts sont en plastique et on a dû louer des plateaux que les clients viennent chercher au passe-plats de la porte de la cuisine. Beaucoup de monde patiente le long de la route pour voir passer le train sur cette ligne oubliée, train qui s’arrête à toutes les gares et tous les passages à niveau. A Montereau, la machine est ravitaillée par la grue hydraulique qui existe encore, mais sert une eau couleur de rouille. Ce nouveau succès est fêté le soir comme il se doit dans la 4038. Durant l’été, l’AJECTA qui a pu récupérer une partie des anciens locaux de service libérés par la Sté Otico, aménage un réfectoire, un bureau, un dortoir et des lavabos. Les membres amènent leurs vieux meubles et des ustensiles de cuisine. Une petite draisine des CFTA achetée par un membre arrive le 12 août, précédée par un bus citerne Renault TN6 (ex-RATP). Ce même mois, les 141-TB de Provins sont remplacées par des 63000, ce qui, bien sûr, chagrine nos amateurs de vapeur. Pendant ce temps, les travaux ingrats se poursuivent sur la chaudière de la 130-B. 

Un train spécial organisé par la Facs devant passer par Longueville la veille du prochain train Ajecta, avec arrêt pour prise d’eau de la 230-G-353, il est rapidement décidé d’organiser une présentation des machines près de la gare. Le samedi 30 septembre, sur la voie de débord, la haie d’honneur pour le train spécial est constituée des 141-TB-407, 040-TA-137 et Rimaucourt en chauffe, ainsi que de la draisine et la voiture-bar 4038. Tout l’après-midi, les évolutions se succèdent entre deux astiquages. Quand le train arrive à la nuit tombante, avec un énorme retard, la 4038 est prise d’assaut par les voyageurs affamés et assoiffés. Les machines connaissent aussi un franc succès. Le spécial réparti, le matériel regagne promptement le dépôt, car on remet ça le lendemain. Le train du 1er octobre part de Provins pour varier les plaisirs, et il remplace la navette d’autorails pour solutionner le problème posé par la voie unique. La BB-551 des CFTA tracte la rame constituée de la 141-TB-407, la 4038 et cinq B10t Bruhat (celles du train Facs, revenues dans la nuit) jusqu’à Provins. Là, la BB-551 décrochée, le train part en vapeur pour Longueville, Flamboin, Vimpelles et Montereau. Cette fois, le service des plateaux-repas est facilité par l’intercirculation. Au retour, une bonne partie des voyageurs descendent à Longueville et la BB-551 ramène la rame depuis Provins.

Début octobre, un vieux rêve se concrétise lorsqu’un membre achète une 140-C. Une expédition est montée le 13 octobre pour aller la voir au dépôt de Chaumont. La n°231 (numéro mythique) est choisie parmi les quatre qui sont garées à titre de réserve pour le dépôt CFTA de Gray. Elle rejoint Longueville par ses propres moyens le 17 octobre. 

À ce propos, l’association trouve les fonds nécessaires à l’achat d’engins ferroviaires. Une locomotive achetée au prix de la ferraille ne revient pas plus cher qu’une automobile neuve. Certains membres de l’AJECTA préfèrent donc rouler dans une vieille guimbarde et posséder une machine de plus de 40 tonnes… Il y aura aussi l’achat par souscription auprès du public amateur de chemin de fer et quelques donations.

Arrivée graissée et huilée plus que de raison, la 140-C-231, après un bon nettoyage, va avoir l’honneur de faire le dernier train de la saison. Le 22 octobre, elle emmène une rame composée de la 4038, de trois B10t Bruhat et d’un fourgon M vers Provins et Villiers-St.Georges. Le temps est mauvais, mais la présence de la 140-C est une bonne surprise pour les amateurs venus ce jour-là. Cette fois, la fanfare de Longueville accompagne le train jusqu’à Villiers-St.Georges.

Au cours de l’été, l’AJECTA se dote (tardivement) d’un conseil d’administration, qui est présenté à l’assemblée générale du 29 octobre dans la voiture-bar 4038. Pour l’avenir, la priorité va être donnée au re timbrage de la 130-B-476 et à l’achèvement de sa remise en état prévue pour fin 1973. L’acquisition d’une voiture-lits pour l’hébergement des permanents est décidée. Les cinq trains de 1971/72 ont transporté un peu plus de 1200 personnes et laissent un petit bénéfice. Cependant, si les comptes de l’association sont équilibrés, il n’y a pas de réserve disponible : dépenses courantes, frais fixes et d’entretien absorbent tout. L’ambitieux programme de trains pour 1973 prévoit trois grands trains au départ de Paris, partiellement en vapeur. Par exemple, un Paris -gare-de-Lyon – Sens Troyes – Longueville – Paris-Est le 8 avril, en vapeur de Sens-St.Clément à Longueville. Il devrait être suivi de deux trains au départ de Paris-Est, vers Auxerre et retour le 5 mai et vers Les Laumes et Semur-en-Auxois le 29 avec retour le 30 septembre à Paris. La saison serait complétée par trois traditionnels Longueville – Villiers-St.Georges les 22 avril, 10 juin et 15 août. 

Un secrétariat s’est progressivement organisé cet été- là, et en septembre est paru le premier bulletin de liaison des membres qui deviendra plus tard La Feuille. L’année se termine par les travaux préparatoires à la remise en peinture de la 140-C et de la Rimaucourt, par l’arrivée le 18 novembre du wagon D-1 offert par les CFTA qui l’utilisaient comme wagon-atelier, suivi le 26 par la voiture lits n° 2898 de type S. Choisie pour son état jugé satisfaisant, elle arrive d’Ostende via les ateliers CIWL de Villeneuve-Prairie où elle a subi une révision. Acquise en copropriété, selon le principe “un lit = une part”, elle permet dès lors de passer des nuits confortables, avec moquette, couvertures, lavabos avec eau chaude… D’autre part, l’alimentation électrique du dépôt, jusqu’alors assurée par la SNCF, va dorénavant être assurée par l’ÉDF, et sera à la charge de l’AJECTA, ce qui signifie qu’il faudra modérer la consommation. Fin 1972, l’équipe compte plus de 60 membres très motivés et soudés par une franche amitié, et l’AJECTA est connue de tous les amateurs de trains anciens. On n’en est pas peu fier. À part le manque d’argent, tout va pour le mieux pour l’association.

L’année 1973 débute par un train spécial organisé le 14 janvier pour les techniciens du tourisme. Venue de Paris-Est, la rame tractée par une CC-72000 est composée de cinq B11t2 Nord. Pour le parcours vapeur de Longueville à Villiers-St.Georges, la 4038 est ajoutée à la rame emmenée par la 141-TB. Le temps est franchement hivernal, mais les voitures toutes lumières allumées et enveloppées de la vapeur du chauffage et du brouillard, donnent un spectacle quasi féerique. Lorsque la TB rentre au dépôt, les rails de la voie 15 s’écartent et la machine se retrouve avec un essieu moteur dans le sable. Malgré la nuit et la pluie, on sort les crics et la TB est remise sur les rails. Mais pour éviter ce genre de problème à l’avenir, il va falloir refaire la voie, car les traverses sont bien pourries. La SNCF contactée, propose de récupérer les 250 mètres de rails d’une voie de garage déclassée à Flamboin, ce qui sera fait le 22 janvier. Puis, 250 traverses sont récupérées auprès de la RATP. Fin février, avec l’aide d’une équipe de cheminots, la voie d’embranchement est  complètement renouvelée, avec rectification des courbes. Malheureusement, une douche glacée s’abat dé but février sur l’équipe de l’AJECTA : la SNCF vient de signifier au président que les trains programmés cette année ne seraient pas autorisés ! Les activités continuent cependant, en espérant un changement d’attitude de la SNCF. Un groupe électrogène et le chargeur de charbon de Provins sont récupérés, et le 20 janvier arrive la machine à chaudière verticale achetée par un membre à la cimenterie de Dannes-Camiers (62). Bien qu’encore sous timbre, il faut la restaurer car elle est engluée de ciment. La plaque tournante est achetée (à la demande de la SNCF), puis un autre membre achète la 130-B-348 toujours garée au dépôt de Gray. Malgré le doute, le train du 8 avril continue à être préparé. Un groupe de 150 à 200 personnes étant prévu, on envisage de servir 350 plateaux-repas : une sacrée organisation à mettre en place. La 140-C repeinte en livrée type État, verte avec filets jaunes et marquages SNCF, est prête pour assurer ce train. Hélas, après avoir tout tenté auprès du secrétariat général et des directions de la SNCF, il est confirmé que le matériel de l’Ajecta ne pourra pas rouler. Cette interdiction est motivée par l’absence de cadre juridique définissant clairement les responsabilités pénales pour des circulations privées sur les lignes SNCF. Mais vu le nombre important de voyageurs inscrits, il est décidé de maintenir ce train et de l’assurer entièrement en matériel SNCF : 230-G-353 de Noisy-le-Sec et voitures de grandes lignes Est ou Ocem de l’Ourcq. La voiture bar-express n° 4006 (une ex-Pullman Flèche-d’Or) de la CIWL Villeneuve y est jointe en remplacement de la 4038 ; la 4006 arrive au dépôt le vendredi 6 et est accouplée à la 4038 pour y transférer matériel et approvisionnement, suivie le 7 au matin par la 230-G qui tourne sur la plaque et entre dans la rotonde. L’après-midi toutes deux partent pour Troyes retrouver le reste de la rame, avec une grosse équipe de membres dont la mission est d’aider à préparer les repas. Une colossale partie d’épluchage dans la bonne humeur (90 kg de pommes de terre et 20 kg de  betteraves), laissera un souvenir inoubliable aux membres participants. 

Le dimanche 8 avril de bonne heure, la 230-G emmène la rame à Sens-St.Clément, où elle est rejointe par les voyageurs arrivant de Paris par un train régulier. La 230-G remise en tête, le train prend le départ avec force coups de sifflets, accompagné sur la route toute proche par une meute de “safariseurs”. De plus, des cars suivent le train pour rapatrier un groupe sur Sens et l’un deux prend à son bord des voyageurs souhaitant faire un peu de “safari-photo” aux nombreux arrêts dans les gares et aux passages à niveau, arrêts qui permettent l’échange des voyageurs. Cette prestation originale a été fort appréciée et est sans doute restée unique. Après des arrêts à Villeneuve-l’Archevêque, Bagneaux, Vulaines et Troyes pour prise d’eau à la grue hydraulique et manœuvre de la locomotive, le train arrive à Longueville. De là, les voyageurs rentrent sur Paris en diesel comme prévu initialement. Bien qu’ayant connu un beau succès commercial avec 476 passagers et plus de 300 plateaux-repas servis, ce train a été un échec financier (bilan légèrement déficitaire) à cause du coût de l’affrètement de la 230-G. Le train du 22 avril sur Villiers-St.Georges avec la 040-TA-137 devant être annulé comme les autres, il est décidé de ne pas continuer à affréter du matériel SNCF. Ce n’est pas la vocation de l’AJECTA qui se résoud à attendre des jours meilleurs, tout en cherchant d’autres possibilités pour faire circuler ses machines. On se reprend alors à espérer trouver un chemin de fer touristique sur ligne SNCF ou privée, fermée ou à faible trafic. En attendant, il faut continuer à se donner les moyens techniques nécessaires à l’entretien et aux révisions du matériel acquis. Ce printemps 1973, on achève la réfection de la 020 Cockerill à chaudière verticale. Sur sa caisse devenue rouge à filets jaunes, on a apposé une plaque marquée Suzanne. Tel sera donc son nom. Le 22 avril, pour remplacer le train prévu sur Villiers-St.Georges, une présentation de machines est organisée au dépôt. Les 040-TA-137, 020-T Cockerill, 140-C-231 et 141-TB-407 sont toutes allumées pour évoluer sur la voie d’embranchement avec l’ex-Pullman 4038. Manœuvres, double ou triple traction comblent les amateurs de panaches qui se sont déplacés ce jour-là. La prestation a même été filmée par une équipe de l’ORTF, venue sans prévenir. Le reportage sera diffusé au journal de la première chaîne

Le 19 mai arrivent quatre voitures B7t à deux essieux dites “boîtes à tonnerre” et un fourgon Ocem à trois essieux de la réserve de Revigny, dont la SNCF n’a plus l’utilisation. D’importantes récupérations sont effectuées en mai et juin aux dépôts de Troyes et de Chaumont : outillage, mobilier, compresseur d’atelier et réservoir d’air comprimé. La deuxième 130-B achetée, la n° 348 qui devait arriver à Longueville le 14 avril, s’est retrouvée immobilisée à Romilly à cause du “chauffage” de l’essieu du bissel, qui s’avère irrécupérable. Une équipe se rend aussitôt à Chaumont pour démonter le bissel de la 141-TB-455 en attente de chalumeau, les côtes étant pratiquement les mêmes. Quant à la 130-B-476, l’absence de train ce premier semestre a permis d’avancer son re timbrage. Ce travail long et fastidieux, car il n’y a pas d’argent pour remplacer les éléments usés, se termine par l’épreuve hydraulique passée avec succès le 19 juin. Le remontage de la machine commence le 23 juin, alors que se poursuit la révision du tender 13-C-231. Pour la première fois, des amateurs ont procédé avec succès au re timbrage d’une machine à voie normale, garée depuis trois ans. Pour l’AJECTA qui en retire une légitime fierté et le fait savoir, c’est une date historique

La recherche d’une solution au problème des circulations mène dès le printemps à la découverte de la ligne de Ligré-Rivière à Richelieu (37), qui vient d’être reprise par une régie municipale. 

La ligne, des futurs exploits de l’AJECTA, de Ligré-Rivière à Richelieu, a été ouverte par les Chemins de Fer de l’État le 7 septembre 1884, puis fermée au service voyageurs le 1er mars 1937. Elle s’embranche sur la ligne  d’intérêt général de Chinon à Ligré-Rivière. De mai 1950 à janvier 1960, les CFD (Chemins de Fer Départementaux) assurent la desserte de la ligne avec l’autorail FNC prototype X-8013 et l’autorail Billard A-75-D n° 902. La desserte marchandises est assurée par locotracteur jusqu’au 1er janvier 1972, date où la RFR (Régie Ferroviaire Richelaise) reprend ce service grâce au sénateur-maire Fortier qui veut maintenir le trafic ferroviaire pour les céréales, engrais et matières plastiques (6500 t en 1973). Le locotracteur 020-C-113 ex-CFD en assure la traction entre Chinon et Richelieu. La voie unique est bien fatiguée, avec beaucoup de traverses à remplacer et il n’y a qu’une petite remise à deux voies à Richelieu. Cependant la région offre un réel intérêt touristique. La future exploitation touristique exige une convention entre l’AJECTA et la ville de Richelieu, et l’agrément des membres de 

l’association utilisera l’autorail FNC (après restauration) et les deux premières voitures Palavas, la Bf-106 arrivée le 14 mai et la Cfx-222 qui a suivi fin mai. Première circulation, le samedi 30 juin 1973, avec la 130-B-476. Une fois passées les émotions de l’inauguration, il faut assurer la saison avec tous les samedis et dimanches trois trains Richelieu – Ligré aller-retour, jusqu’au 1er septembre. Après l’affluence de l’inauguration, trois voitures suffisent la plupart du temps. Certains dimanches, on en rajoute une ou deux. L’intérêt du train touristique ne faiblit pas sur le plan local, et des liens se tissent assez vite. De nombreux nouveaux membres de la région vont rapidement s’intégrer. Une rotation des membres est instaurée sur les différents postes : chef d’exploitation, vente des billets, chef de train, contrôleur, mécanicien et chauffeur.Le 6 octobre circule un dernier train spécial pour des groupes, avec 220 voyageurs transportés.

Cette première saison ne s’est pourtant pas déroulée sans incidents. Au dernier train du 10 août, il a fallu “jeter le feu” à Coutureau, les injecteurs ne fonctionnant plus. Le trajet s’est achevé poussé par le train de marchandises qui suivait… Le 15 août sous la canicule, des braises échappées de la machine mettent le feu au talus, les champs  sont menacés. C’est ainsi que, jusqu’à la fin de la saison, la draisine suivra le train avec une tonne d’eau sur un lorry attelé puis des seaux-pompes, afin de ne plus déranger les pompiers. Le bilan de la saison est flatteur, avec 3007 voyageurs payants, plus les invités et les membres qui bénéficient de la gratuité.

Mais les recettes permettent juste d’équilibrer les dépenses. Malgré la circulation du train touristique en Touraine, les activités se sont poursuivies au dépôt de Longueville. La réfection de la 020-T Decauville, transportée de St.Justen-Chaussée à Longueville par le tracteur Bernard, a immédiatement été entreprise. Puis c’est le tour de la Rimaucourt qui va être à chute de timbre en 1975. La 040 Nord est amenée du Plessis-Belleville par la semi-remorque de l’association le 19 octobre, il faut faire appel à un transporteur disposant d’une semi-remorque adéquate pour rapatrier la machine qui arrive le 23 novembre. 

Au printemps 1975, l’activité s’intensifie à Richelieu pour préparer la saison. L’équipe tourangelle continue à se développer, et la ville de Richelieu et la RFR ont effectué des travaux de rénovation de la gare qui retrouve son bel aspect de gare de ligne secondaire. L’AJECTA projette la construction d’un dépôt, mais le financement nécessite un prêt.

1976, la souscription Pullman est close, la VP 4155 est en révision aux ateliers CIWL de Villeneuve-Prairie qui doivent la remettre en état initial, car elle a été modifiée en 1965 pour rouler à 160 km/h sur le Sud-Express. Une nouvelle souscription est lancée pour acquérir un autorail Renault ABJ-4 du dépôt de Bordeaux, série pas trop ancienne (1948/ 49) en cours d’amortissement. Les travaux de l’hiver à Longueville sont perturbés par le gel qui, début janvier, fait claquer les radiateurs des deux voitures-lits. Les tuyauteries gèlent et l’on se retrouve sans chauffage par un hiver rigoureux. De nouveaux achats ou récupérations ont lieu : locomotive 030-TU-22 (d’origine américaine), ancienne remorque du train Sprague de 1900 de la ligne des Invalides (transformée en véhicule de cantonnement à la Société Dehé) et ancien tombereau État.

La période de circulation du Train à vapeur 1900 (nouveau nom du train de Richelieu) comprend trois A/R tous les dimanches du 23 mai au 12 septembre inclus, plus deux A/R les samedis du 17 juillet au 28 août. La fréquentation est moins importante les samedis. La saison 1976 commence par un train spécial le 9mai avec des voyageurs costumés à la mode 1900 pour TF1. Des prises de vues pour des films à petit budget ont lieu en juillet. La Pullman 4155, révisée par les ateliers CIWL, est expédiée à Richelieu ce même mois et immédiatement nettoyée intérieurement.

L’été 1976 voit la création de l’AJECTA-Provence. Suite à la mise en marche en 1975 d’un train spécial par un amateur sur la ligne Barbantane – Plan-d’Orgon de la Régie des Bouches-du-Rhône (BdR), avec un certain succès, un nouveau projet est lancé sur la ligne de Tarascon à St.Rémy-de-Provence, avec l’aide de l’AJECTA. Pour cela, les trois voitures Palavas non encore transférées à Richelieu sont acheminées à St.Rémy. Après remise en état, elles assurent un train spécial de St.Rémy à Tarascon avec une 020-T Henschel du musée de La Barque, le 29 août 1976. L’autorail X-5845 et la remorque FNC XR-9207 préservés à Castries, achetés et eux aussi transférés à St.Rémy, circulent également ce jour-là. Après ce premier succès, le lancement d’une exploitation régulière, baptisée le Tartarin, sur Tarascon – St.Rémy est décidé pour 1977.

Une équipe locale s’est constituée et se développe, après l’assistance au démarrage de quelques membres de Longueville. Parmi le parc de l’association, on trouve également un locotracteur Berliet ex-PLM, deux draisines Billard ex-CFTA Gironde, la 030-T n° 8 Corpet des houillères du Bousquet-d’Orb et une voiture-lits ex CIWL du type Lx-16 (n° 3519) qui sert de dortoir à l’équipe. Mais la Régie des Bouches du Rhône n’est pas favorable à un train touristique et l’état de la voie est médiocre. Un changement de cap a donc lieu en 1978. L’AJECTA-Provence se tourne alors vers la ligne Arles – Fontvieille (environ 8 km). Une convention est signée le 18 juin par l’intermédiaire du Conseil général des Bouches-du-Rhône et la première circulation a lieu le 2 juillet en diesel. Ensuite, c’est la Corpet, re timbrée début juillet, qui tracte la rame des voitures Palavas à deux essieux, voitures à l’allure typique des secondaires. La saison s’achève fin septembre et le bilan est plutôt modeste : environ 5500 billets vendus.

La saison 1976 à Richelieu est à nouveau perturbée par quelques incidents techniques (réparations d’urgence sur la 130-B et les draisines), La fréquentation, elle reste bonne avec 8381 passagers

A la fin de l’année, la VP 4038 revient à Longueville pour une restauration importante. La VL 3662 est également rénovée, ainsi que l’autobus TN4H avec lequel une sortie est organisée à Paris le 10 octobre Les travaux continuent sur la 040-TA et sur la Rimaucourt. L’exposition de modélisme dans l’ancienne gare de la Bastille, du 30 octobre au 7 novembre, permet de se faire connaître et de lancer une nouvelle souscription. Elle concerne la 141-TC-19 garée à Carhaix. Fin 1976, le budget est en équilibre, les effectifs atteignent 188 membres.

La saison 1977 à Richelieu est marquée l’arrivée de la 040-TA-137 dont le retimbrage vient de se terminer à Longueville, et qui va renforcer le parc vapeur exploitable. Grâce aux accords conclus entre la RFR (transporteur agréé) et la SNCF, les trains de l’AJECTA peuvent rouler sur 5 km de ligne SNCF entre Ligré-Rivière et Chinon à partir de juillet 1977. L’année 1977 est encore un bon cru avec près de 10 000 voyageurs transportés, conclu par une double traction 040-TA et 130-B-476  pour le dernier train le 18 septembre et le parc de Richelieu s’enrichit de l’ABJ-X-3601

A Longueville, 1977 voit le passage de deux trains spéciaux avec la 230-G-353 de la SNCF, en avril pour la AAATV et en décembre pour l’ATF (Association Touristique Ferroviaire). En juin arrive la voiture salon 503 ex-PLM, et en novembre sont récupérés à Vitry-sur-Seine deux wagons-poste en bois tôlé datant de la fin du XIXe siècle. Il s’agit du bureau ambulant n° 217 et de l’allège postale n°326 qui avaient échappé à la destruction grâce au fondateur de la Société Francel. Ces wagons servaient de magasin, pour y entreposer du matériel. 

L’X-3601 arrive à Richelieu en janvier 1978 et fait immédiatement un parcours d’essai et de formation. Un nouvel autorail arrive en mai, l’X-5506 de 150 ch, qui entre immédiatement en service. La peinture des “boîtes à tonnerre” est enfin engagée en mai pour leur donner une livrée colorée s’harmonisant avec le reste du matériel. Les accords RFR/ SNCF permettent d’organiser un train spécial pour Loudun au départ de Richelieu le 17 juin 1978. La traction initialement dévolue à la 130-B-476  est finalement assurée par la 040-TA, car la 130-B connaît une avarie de pompe à air dès Ligré-Rivière. 

En 1978, une nouvelle sortie en autobus TN4H est organisée en mars à Longueville, et l’AJECTA rachète à la SNCF la rame dite de St.Germain. Il s’agit de trois voitures provenant de la  transformation en 1930, par les Chemins de fer de l’État, de voitures de proche banlieue A3 (trois compartiments), modèle 1860 à châssis à brancards en bois. Reconstitution approximative du matériel primitif de la ligne de Paris au Pecq, elles ont assuré dans les années 1950/ 1960 de nombreux trains commémoratifs avec la locomotive Crampton n° 80,Mais si la Crampton n° 80, construite par Cail et Cie en 1852, retirée du service en 1914 et exposée dans la gare de l’Est de 1931 à 1946, puis confiée aux ateliers d’Épernay pour être rénovée et remise en état de marche, a terminé sa carrière au musée de Mulhouse au début des années 1970, ainsi que le petit fourgon Nord n° 7061 qui complétait la rame, les trois voitures St.Germain n’ont pas été retenues car jugées peu authentiques. Elles font ainsi le bonheur de l’AJECTA qui va disposer d’une rame idéale pour sa 030 Rimaucourt. C’est en juillet qu’elles arrivent au dépôt. Un événement espéré de longue date se produit en décembre : le départ de la Société Otico. 

Malheureusement, alors que tout semble sourire à l’AJECTA, le nombre d’adhérents connaissant encore une forte croissance, des difficultés réelles et de plus en plus pesantes dans l’exploitation entraînent des dissensions internes et conduisent certains membres à la création d’une association locale, l’Ajecta-Touraine, désireuse d’assurer seule l’exploitation du train touristique, ce que n’accepte pas la majeure partie des membres parisiens qui se sentent exclus. Il y a donc scission, procès, et l’association tourangelle devra prendre le nom de Trains à Vapeur de Touraine, ou TVT. L’équipe parisienne de l’AJECTA se retrouve avec des dettes et une perte d’effectifs et se recentre alors sur ses activités premières, le sauvetage et la restauration de matériels anciens. La punition de ne plus pouvoir rouler est cruellement ressentie, car il s’agit bien là de la récompense suivant le dur labeur de remise en état du matériel. Les travaux sur la 030-T Rimaucourt en levage et la rénovation de la 140-C-231 en vue de la voir circuler un jour sur le réseau national, occupent à ce moment une équipe soudée par l’épreuve traversée. Il faudra du temps et du courage pour retrouver activités et notoriété.

Les tâches principales des années 1979 et 1980 consistent donc à achever la rénovation de la Rimaucourt avec l’installation d’une cabine en “queue d’hirondelle” typique du XIXe siècle et à la remise en état et en peinture des trois voitures de la rame St.Germain. Dès janvier 1980, l’AJECTA participe modestement au baptême de la CC-72082 à Provins. En février puis en avril est organisée au dépôt de Rennes la réparation de la 141-TC-19, qui a connu un chauffage d’essieu lors de son transfert depuis Carhaix. La Rimaucourt retimbrée est enfin allumée le 22 juin. 

Tout ce beau travail aboutit au baptême de la 030-T Rimaucourt le 5 octobre 1980 lors de la première journée portes ouvertes organisée à Longueville. L’AJECTA se montre précurseur dans ce domaine, quatre ans avant la création des journées du patrimoine.

La journée commence vers 9 heures par l’arrivée d’un train spécial ATF en gare de Longueville, où la 230-G-353 de la SNCF effectue une prise d’eau. Pendant ce temps, le locotracteur Baldwin du dépôt amène la Rimaucourt en cours d’allumage jusqu’aux abords de la gare, suscitant un vif intérêt de la part des voyageurs. Une fois en pression, la Rimaucourt manoeuvre la 141-TB-407, puis accomplit des allers-retours sur la voie de sortie avec la voiture de 3e classe St.Germain prise d’assaut par des passagers ravis. La voiture Pullman bar 4038 entièrement rénovée assure un service de boissons par une équipe stylée sous la responsabilité d’un chef de brigade en tenue CIWL authentique. Après le baptême au champagne et en musique vers 15 heures, c’est la rame St.Germain au complet qui promène les visiteurs sur la voie de sortie du dépôt au crochet de la vaillante Rimaucourt. Le spectacle est complété par une superbe locomotive à vapeur vive circulant sur un réseau installé par le Club Ferroviaire de Villiers-le-Bel, et une tombola est proposée grâce aux lots offerts par Rail-Magazine, RMF, Jouef et les commerçants de Longueville. 

Vers 17h30, la Rimaucourt emmène à nouveau ses touristes vers la gare pour le second passage du train spécial remontant sur Paris, avec une nouvelle halte pour prise d’eau. Le succès de cette première JPO a largement dépassé les espoirs des organisateurs. 

Avec le départ de la Société Otico, L’AJECTA a récupéré l’intégralité du dépôt et les machines-outils sont installées dans l’atelier d’origine durant l’été 1980. Le réfectoire a également pu être réinstallé. Les premiers contacts ont lieu à ce moment avec les ateliers de Romilly, en vue de racheter la voiture-restaurant n° 4207, ex CIWL. Le 10 novembre, une équipe s’emploie à récupérer un maximum de pièces sur la VR n° 3353 destinée à la ferraille, afin de constituer un magasin de pièces pour la 4207. Et la VR 4207 arrive à Longueville sous la neige, le premier mars 1981

L’expérience positive de la première journée portes ouvertes est rapidement renouvelée, et cela dès le 12 avril 1981. La vedette en est à nouveau la 030-T Rimaucourt de 1887 qui évolue sur la voie de sortie avec la Pullman 4038 jumelée à la voiture-restaurant n° 4207. Puis les visiteurs sont baladés dans la voiture découverte de 3e classe dont le succès ne se dément pas. Une locomobile à vapeur est présentée en fonction et les trésors de l’AJECTA sont à la parade sur les voies abritées par la rotonde. Le mois de mai voit arriver au dépôt le puissant locotracteur de type BDR racheté à la Société Sanara au port de Givet (08) grâce à une souscription interne. De juin à septembre est menée à bien la repeinture de la locomotive 4-853 Nord.

Et le 11 octobre de cette même année est déjà organisée la 3e JPO dont le succès dépasse les éditions précédentes. A défaut de pouvoir circuler hors du dépôt de Longueville, on y attire donc le public, sorte de petite revanche sur les aléas subis par l’association. Les visiteurs sont toujours gâtés par le spectacle, même si la rame de St.Germain doit être remorquée par le locotracteur Baldwin suite à une rupture de tube sur la Rimaucourt. La visite des voitures anciennes de l’Amicale des Routières de Jadis de Brunoy est très appréciée, et le modélisme s’invite à la fête avec des dioramas en HO, des trains en O, en 1, et une dizaine de locomotives à vapeur vive. Un stand Bibliorail et la fanfare du 2e Régiment de Hussards de Sourdun, en uniforme napoléonien, complètent le plateau. Clôturée par la désormais traditionnelle tombola, cette 3e édition prouve qu’il y a bien un public pour ce genre de festivités autour du chemin de fer. Puis une exposition de matériel ferroviaire est organisée à Paris, avenue de Friedland, à l’occasion du centenaire des CFD. C’est ainsi que la Rimaucourt se retrouve exposée à Paris ce même mois d’octobre.

Le 8 novembre 1981 arrive la voiture-lits Lx-16 n° 3519. Acquise en 1977, elle se trouvait sur le Chemin de Fer des Alpilles, ex-Ajecta-Provence. Après indemnisation de ses souscripteurs, elle vient rejoindre ses sœurs de la CIWL, la Pullman bar 4038 restaurée, la voiture-restaurant 4207 et la VL type YU n° 3815 (qui a remplacé la 2898). La Pullman 4155 et la VL type Z n° 3662 sont encore à Richelieu. L’Ajecta-Provence, après une saison 1979 en demi-teinte, a été rebaptisée Chemin de Fer des Alpilles (CFA). La saison 1980, débutée en juin, doit être suspendue durant l’été en raison du mauvais état du matériel. 1981 se présente mieux, le matériel ayant été sérieusement rénové, mais la situation s’est dégradée. Des défections ont lieu dans l’équipe et le projet d’Anduze à St.Jean-du-Gard (futur Train à Vapeur des Cévennes) séduit quelques membres, créant ainsi des dissensions. L’exploitation s’arrête au mois d’août, faute de bras. Il y aura encore quatre circulations en septembre, des trains spéciaux pour des groupes. Ce seront les derniers et le matériel est dispersé dès l’automne, une partie allant au TVC. Fin du Train des Alpilles

À ce moment surviennent des changements dans le microcosme ferroviaire. À la demande du ministère des Transports, la nouvelle SNCF propose un cadre juridique modifié, prévoyant la possibilité de circulation de matériels privés associatifs sur ses voies.

C’est ainsi que la Citev (Compagnie Internationale de Trains Express à Vapeur) fait circuler des trains à vapeur en Alsace avec la 140-C-27 en cette fin 1981, puis au début de 1982. L’AJECTA quant à elle, engage le re timbrage de la 140-C-231 début 1982. Il s’achève le 16 mai et une marche d’essai est organisée le 31 juillet entre Longueville et Villiers-St.Georges avec la VP 4038, suivie d’une deuxième marche d’essai le 8 août, avant de la faire monter à Paris pour le tournage à Pajol du film Édith et Marcel de Claude Lelouch, le 9 août. Mais ces circulations sont encore sujettes à des autorisations ponctuelles. Le verrou saute définitivement après la rencontre entre les représentants des différents services SNCF impliqués et des associations intéressées, lors du salon Exporail de Nice en mars 1983.

Le 3 octobre 1982 a lieu la 4e journée portes ouvertes avec comme grande nouveauté la 140-C-231 qui évolue en compagnie de la VP 4038 sur la voie de sortie, avec en alternance la Rimaucourt et sa populaire rame St.Germain. La 030-TU est également présentée avec la 040 Nord. Et le succès va croissant. Le mois suivant voit enfin l’arrivée au dépôt de la 141-TC-19 depuis Rennes, après une longue étape à Conches. Cette année a aussi vu le retour de Richelieu des deux voitures ty Nord, qui y étaient restées depuis leur arrivée en 1978. Le deuxième prix du concours Chefs-d’œuvres en péril est attribué à l’AJECTA par Antenne 2 et le coup d’envoi du chantier de restauration de la 141-TB-407 est donné à l’occasion de la venue d’Antenne 2 au dépôt les 13 et 14 novembre, suite au prix. L’AJECTA a vraiment retrouvé sa notoriété ! 

Le 5 juin 1983, la 140-C-231 remorque entre Longueville et Villiers-St.Georges un train spécial de la Facs venu de Paris avec la 230-G-353. Ce premier train sur voies SNCF marque le début d’une ère nouvelle pour l’AJECTA. D’autant plus que depuis le début de l’année, des membres de l’AJECTA sont agréés à la conduite. Jusque-là, la 140-C-231 devait être conduite par l’équipe de la 230-G-353.

Toujours en 1983, parmi les nouvelles acquisitions, on peut citer une voiture C6tf à essieux, une grue de type Bondy et quatre voitures de banlieue Ouest surnommées Talbot. De gros travaux de restauration sont entrepris sur la VR 4207 :mise à nu de la caisse, remplacement des coffres extrêmes, réfection des plates-formes et de l’ensemble de la caisse, préparation de la tôle pour mise en peinture en 1984. Le 23 mai arrivent deux draisines récupérées aux CFTA, réseau du Morvan. D’autre part, les travaux se poursuivent sur la 141-TB-407 (chaudière, roulement) et sur la voiture Nord A3B4ty. De plus, l’association a posé une nouvelle voie de garage de 80 m pour garer son matériel. Celle-ci est embranchée par aiguillage sur la voie d’accès au dépôt. Côté manifestations, l’AJECTA a participé à Exporail à Nice fin mars avec la Rimaucourt entourée d’autres machines et proposé sa 5e JPO le dimanche 2 octobre, marquée par la visite de M. et Mme Peyrefitte (maire de Provins). Ce jour-là, la 140-C-231 remorque la rame Talbot, et les stands de modélisme et de librairie ferroviaire toujours plus fournis, ainsi que bien sûr celui des consommations, sont quasiment débordés par une clientèle de plus en plus nombreuse. Les circulations étant à présent possibles sur le réseau national suite aux modifications du cadre juridique de la SNCF, un train spécial “Salut aux TGV” est organisé le 16 octobre, idée originale s’il en est ! Le parcours, de Longueville à Montereau via Flamboin, emprunte un pont dominant la ligne à grande vitesse à l’entrée de Montereau. Une halte de 40 minutes sur ce pont permet ce jour-là de saluer quatre TGV, deux dans chaque sens. Ceux-ci répondent longuement aux sifflets de la 140-C, pour le plus grand plaisir des voyageurs. Puis le 19 novembre, l’AAATV (Amicale des Anciens et Amis de la Traction Vapeur) programme un original tour de Paris avec la 140-C et huit voitures express Est plus une Pullman-bar, la 4148 de la CIWL. Ce train partant de Paris-Nord emprunte la petite ceinture par l’est et le sud de la capitale, trajet alternant tranchées profondes, longs ponts métalliques surplombant les rues ou enjambant les avenues, et tunnels passant sous les immeubles. Sur le parcours se succèdent les anciennes gares oubliées des voyageurs : Est-Ceinture, Belleville, Villette dont un embranchement menait autrefois vers les abattoirs de Paris-Bestiaux, Ménilmontant, Grenelle, Issy-Plaine. Ensuite le train se dirige vers Pontoise via Puteaux et Maisons-Laffitte et le retour sur Paris-Nord se fait par Ermont et Gennevilliers.

L’année 1984 va profiter de ce formidable élan, puisque l’AJECTA participe à près d’une dizaine de trains. Le 23 mars, la 140-C effectue un aller-retour Denfert-Rochereau – Chartres, suivi le 31 par un Paris-St.Lazare- La Défense via la petite ceinture. La destination en est le Salon du modèle réduit au Cnit. Au retour, la ministre Edwige Avice monte sur la machine et, après la traversée du tunnel d’Avron sur la ceinture, s’écrie « c’est l’enfer » ! Le 8 avril, l’AJECTA organise son premier train au départ de la capitale, un AR Paris- Provins avec une rame de voitures banlieue Est métallisées : une nouvelle date historique pour l’association. Le dimanche 29 avril, dans le cadre du festival vapeur de Provins de l’IFC associé à l’AJECTA, la 140-C et la 230-G-353 se partagent des navettes entre Provins, Longueville et Flamboin. Puis le 20 mai, une visite du site de la centrale nucléaire en construction à Nogent-sur-Seine est programmée avec le concours d’ÉdF. Il s’agit d’un nouvel aller-retour depuis Paris-Est pour la 140-C-231, avec la VP 4038 pour sa première sortie et une rame de banlieue Est. Le 17 juin, un AR Paris-St.Lazare – Dieppe est organisé par le PVC (Pacific Vapeur Club) avec la 140-C, une rame Ocem et la Pullman-bar 4148. A la rentrée, le 16 septembre, l’association Athis-Mons en fête propose un tour de Paris par la grande ceinture avec la 140-C et des voitures Bruhat. La journée portes ouvertes du 7 octobre constitue presque une pause dans cette frénésie de voyages… Les nombreux visiteurs découvrent quelques nouveautés, dont l’autorail De Dietrich récupéré aux Houillères du Bassin de Lorraine (HBL), la 030-T Schneider du port de Givet, tous deux acquis en juillet et une nouvelle voiture Talbot arrivée en août. Pour clôturer cette année exceptionnelle, le premier train AJECTA avec un service de restauration dans la VR 4207 est mis en marche le 21 octobre sur un parcours circulaire en région parisienne :Paris-Nord, Épinay-sur-Seine, Ermont-Eaubonne, Argenteuil, Batignolles-Marchandises, Est-Ceinture, Gargan, Le Bourget, Argenteuil-GC, Conflans-Ste.Honorine, Pontoise, Valmondois, Épinay-Villetaneuse, Paris-Nord. Le classement du dépôt de Longueville à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, au titre des bâtiments industriels cette même année 1984 (du fait de son unicité et de sa spécificité), représente la cerise sur le gâteau. 

Les deux années suivantes, les VR 4207 et VP 4038 circulent dans différents trains touristiques, mais sans la 140-C qui connaît une longue période d’inactivité, indispensable pour répondre aux règlements SNCF, dans le but d’obtenir son agrément définitif à circuler en tête de trains spéciaux sur le réseau national. Il s’agit d’abord d’une révision intégrale de son train de roulement, ainsi que de celui du tender. Ces travaux achevés fin 1985, il faut ensuite modifier le circuit de freinage, et pour finir, un retubage complet de la chaudière est effectué en 1986. Le coût de cette remise en état très complète s’élève à 200 000 francs.

De 26 avril 1986 se déroule dans la commune cheminote de Longueau, une fastueuse commémoration pour les 140 ans du chemin de fer en Picardie, avec le baptême d’une BB-22200 aux armes de la ville. Le train inaugural de l’AJECTA, tracté par la 141-R-420 et composé de voitures DEV inox avec les VR 4207 et VP 4038, effectue un trajet circulaire,  par Villers-Cotterêts, Soissons, Laon, Tergnier, Compiègne et Montdidier, avant d’arriver à Longueau à 16 heures. La JPO du 5 octobre 1986 marque le retour de la 140-C-231 qui effectue des navettes avec une voiture Talbot, conjointement avec la Rimaucourt et sa rame. Pour fêter la renaissance de la 140-C, un train spécial est assuré par la 230-G-353 de Paris-St.Lazare à Longueville, et la machine tourne sur la plaque. L’année se termine en beauté le 26 octobre par une nouvelle circulation de la 231-G-558 à l’instigation de l’AJECTA, sur le parcours Paris-Austerlitz – Rouen via Massy-Palaiseau, Versailles-Chantiers, Mantes-la-Jolie, Évreux et retour. Sur le faisceau de Longueville, une aiguille triple est mise en place à cette époque sur la voie d’embranchement, en vue de la pose de nouvelles voies de garage. 

Fin 1986, le PAtf-41056 est racheté à France-Télécom. Il s’agit d’un ancien wagon poste mixte (moitié bureau, moitié allège) Alsace Lorraine de 12 mètres, devenu wagon-dortoir dans un train-parc en 1972. Une fois rapatrié d’Annemasse, son dernier lieu de garage, il a été repeint en livrée d’origine AL, puis après pose d’un signal d’alarme et révision des organes de frein et de roulement, a obtenu son agrément par la SNCF.

Le 5 avril 1987, la première sortie en ligne de la 140-C-231 la mène de Paris-Est à Senlis, prélude d’une saison qui s’annonce riche en excursions. Au printemps, une voie de la rotonde est prolongée derrière le dépôt pour recevoir les voitures trop longues pour rester dans la rotonde. Le 17 mai, l’AJECTA organise un train spécial de Paris-Austerlitz à Tours par Vendôme et retour par Les Aubrais, avec la première sortie du wagon-poste PAtf-41056 à deux essieux depuis sa restauration. Le 24 mai, les 100 ans de la Rimaucourt. Le 14 juin, un nouveau train avec la 140-C-231 va de Paris-St.Lazare à St.Valéry-en-Caux. Un fourgon Ocem ex-PO vient enrichir la collection le 10 août. Un train baptisé l’Ardennais-Express est organisé le 27 septembre 1987 au départ de Paris-Nord. La destination en est Mariembourg en Belgique, à l’occasion d’une grande manifestation vapeur internationale sur le Chemin de Fer à Vapeur des Trois Vallées (CFV3V). Grande nouveauté, ce jour-là le train comprend pour la première fois une voiture AJECTA, une A3B5 Ocem à faces lisses remise en livrée PO-Midi, en plus des VR 4207 et VP 4038 et des voitures UIC SNCF.

Depuis 1986  l’AJECTA a lancée la préservation de voitures Ocem, car les dernières représentantes de cette famille liée à la traction vapeur vont bientôt être radiées. Cette décision de constituer une rame de voitures grandes lignes permettra d’éviter de proposer aux voyageurs de banales voitures UIC ou USI louées à la SNCF. C’est ainsi que sont acquises grâce au financement assuré par quelques membres, une A3B5 État ex PO-Midi, une A3B4d Est, une B9c9 PLM, une A12 1/2 c12 ? PLM et une A8 AL, toutes choisies en fonction de leur état général et de leur intérêt historique. Afin de créer une rame complète, une souscription est lancée pour l’achat de deux B10 (ex-C10) d’origine État. Restaurées les unes après les autres, complétées par des pièces provenant des ateliers de Revigny et repeintes grâce à l’acquisition d’un lot de plusieurs tonnes de peintures réformées, ces voitures constituent une rame homogène, image vivante des express des grands réseaux français. Il s’agit bien là d’une nouvelle grande étape dans l’histoire de l’AJECTA qui, à la fin des années 1980, possède une dizaine de voitures grandes lignes dans son parc. 

Le 25 octobre, un trajet Paris – Épernay au départ de Paris-Nord, par Laon et Reims avec visite de la cathédrale, préfigure le Train du Champagne qui deviendra un classique de l’AJECTA.

Les grands chantiers des années 1987 et 1988 sont consacrés à la rénovation des voitures acquises, afin de faire circuler rapidement une véritable rame historique. L’A3B4E Est revenue de peinture aux ateliers d’Hellemmes en mars 1988 est terminée en mai, de même que les B9c5 PLM et C10 PO-Midi. La C10 ex-État est encore en cours de restauration.

Le train du 5 juin 1988, un Paris-Est – Troyes, est le premier “vrai” train AJECTA, composé de la 140-C-231, des VP 4038, VR 4207, de cinq voitures Ocem et du wagon-poste AL à deux essieux.  Le 16 avril circule un train Paris-Austerlitz – Chartres avec la 2D2-5525, relayée par la 140-C, vers Courtalain et Poncé (visite de la cité artisanale) et retour par Le Mans. La JPO a lieu le 18 septembre, mais en 1988 le fait marquant est le premier périple sur deux jours, de Paris-Lyon à Tournon via Lyon, avec la rame de l’AJECTA emmenée par la 2D2-9135 de  l’AFCL. Le samedi 8 octobre, Paris-Lyon – Dijon – Nuits-St.Georges (visite de caves, dégustation), puis Tournus (visite de l’ancienne abbatiale des Xe et XIe siècles), Lyon-Perrache (avec nuit à l’hôtel Terminus) et le dimanche 9, Lyon-Perrache – Givors – Tournon (correspondance avec le Chemin de Fer du Vivarais pour un train spécial réservé, déjeuner à Lamastre) puis retour sur Paris-Lyon. Le 6 novembre, l’AJECTA propose un train Paris-Est – Troyes – St.Florentin – Auxerre – Paris. La saison s’achève le 11 décembre avec un parcours sur la grande ceinture. Des travaux sont entrepris sur le dépôt : remplacement et peinture de rideaux métalliques et peinture du bardage au-dessus des rideaux. De nouvelles voitures Ocem arrivent : C11 Bacalan PLM, B9 Est, B4D Est et A8c8 État (une ex-“transatlantique”). La VL 3815 est déplacée en octobre pour être stationnée à côté du réfectoire. Mais comme elle est plus longue que la plaque, le tournage se révèle délicat et nécessite un levage. 

1989, le 23 avril, la 140-C emmène la rame historique vers Toucy pour une rencontre avec le “pays de Colette” et l’Association des Autorails Touristiques de l’Yonne pour un parcours jusqu’à St.Sauveur. Puis le 29 avril, sont effectués deux AR Alfortville – Moret-les-Sablons. Un second metteur en scène fait alors appel à l’AJECTA pour quatre jours de tournage, du 15 au 18 mai à Paris-Nord. Le film s’intitule L’Amante. La 140-C-231 et sa rame gagnent ensuite la gare St.Lazare par la petite ceinture pour assurer, avec la rame seule deux prestations pour le Copef, puis un train AJECTA Paris – Fécamp le 4 juin. Le 28 mai, un train spécial IFC passe par Longueville et la 230-G-353 vient tourner sur la plaque du dépôt. À la rentrée a lieu un nouveau périple sur deux jours. Il s’agit du deuxième train à destination de Mariembourg en Belgique. Le 23 septembre, le trajet aller mène la rame à Charleroi via Hirson et Mariembourg où a lieu le festival vapeur du CFV3V. Le retour s’effectue le 24 par Mariembourg. Le 8 octobre, c’est la JPO avec ses traditionnelles navettes Longueville – Provins. Pour l’occasion, Vigneux-Rail organise un AR Paris-Est – Longueville avec la 140-C-231 et la rame historique. Mais le fait marquant de cette édition, c’est la Rimaucourt qui effectue sa dernière sortie en pression sur les voies du dépôt. Cette dernière arrive effectivement à chute de timbre, et ne peut être retimbrée sans d’importants et onéreux travaux. Le deuxième Train du Champagne est organisé le 10 décembre, cette fois au départ de Paris-Est et à destination d’Épernay, via La Ferté-Milon et Reims. 


Retour des matériels de Richelieu : 

  • 1987, fourgon Est et la citerne Sr-1601,
  • 1990, Septembre,  La voiture Pullman 4155 qui était louée au Chemin de Fer de la Vendée revient du Puy-du-Fou.
  • 1991, Avril, la voiture C7tf-17532 AL et la draisine D-760.
  • 1991, à l’été, la VL 3662 et le fourgon Ocem D-1976. 
  • 1992, 15 mars, la 130-B-476. 
  • 2006, la 040-TA-137.

Arrivée des voitures CIWL :

  • 1989, mai, VR 3681
  • 1989, 28 mai, VP 4036
  • 1989, 30 juillet, VL 3927
  • 1990, 21 janvier, VP 4024
  • 1991, VL 3926
  • 1993 VL 3903

1990, le 28 janvier, la CC-72031 assure un trajet Paris-Lyon – Malesherbes – Montargis, avec une rame dont font partie quatre voitures de l’AJECTA : la VR 4207, et les A3B4E, A3B5 et C10. Un wagon-tombereau Tms-30 arrive à Longueville le 25 février, et il est envisagé de l’aménager comme réserve d’eau et d’outillage pour la machine. Puis le Copef programme un autre spécial le 20 mai, avec la 141-R-420 et la rame de l’AJECTA. Il s’agit cette fois d’un trajet sur la grande ceinture vers le 5e Régiment du Génie à Versailles-Matelots, puis le même jour d’un parcours sur la petite ceinture passant par Puteaux et Issy-Plaine, le tout au départ de Paris-Lyon. Enfin, une troisième circulation est encore due au Copef, décidément très actif en ce premier semestre. Le 9 juin, la 2D2-9135 emmène la rame de l’AJECTA avec la VR 4207 et la Pullman 4038 de Pont-Cardinet à Paris-Lyon, en passant par Montereau. Le lendemain, l’Ajecta propose un AR Paris -Lyon – Gien – Poilly avec visite du château de Gien. Originalité de ce train, la VR 2869 CIWL est louée avec son équipe, pour faire face au grand nombre de réservations. Le printemps s’achève avec un train Paris-Lyon – St.Florentin – Troyes – Longueville – Flamboin – Montereau – Paris- Lyon le 17 juin. La traction en est partagée par la 2D2-9135 de Paris à St.Florentin puis Montereau à Paris et par la 140-C de St.Florentin à Troyes et Montereau. Des signaux (avertissement et sémaphore) sont mis en place au dépôt. La JPO 1990 se déroule le 16 septembre avec en plus des prestations habituelles, la présentation de la Pullman 4155 qui vient de revenir des Herbiers. Un dernier train pour Tours part de Paris-Austerlitz le 6 octobre, par Châteaudun. Les voyageurs peuvent admirer de nombreux passages de TGV-Atlantique, la LGV  longeant la ligne ancienne. C’est encore un train sur deux jours, avec visite du château de Chenonceau le lendemain, puis transfert sur le BA de Gièvres à Salbris où les passagers retrouvent la rame et la 140-C qui a été tournée à Vierzon.

1991, 26 Janvier,  un  Paris-Denfert-Rochereau – Le Vésinet et Torcy par les lignes B et A du RER et retour à Denfert. La rame AJECTA avec la VR est emmenée par la 2D2-5525, avec les tracteurs E-4907 et 4903 en queue pour éviter de laborieuses manœuvres. Le 14 avril, l’AJECTA propose un train Paris-Austerlitz – Vendôme avec la 140-C et sa rame historique, qui continuent sur la ligne de Montoire jusqu’à Troo pour la visite du tunnel de Saint-Rimay avec sa porte blindée (et souvenirs d’une certaine entrevue). Le 12 Mai, un AR Paris – Le Tréport. Le 12 Octobre 1991, l’AJECTA organise un festival vapeur sur deux jours pour les vingt ans de présence au dépôt, avec fanfare et invités. Un spécial Facs Paris-Lyon – Montereau – Flamboin – Longueville ouvre le bal le samedi 12, avec la 230-G-353 et la rame AJECTA. Trois navettes vapeur le samedi et quatre le dimanche 13 sont assurées en alternance par la 140-C et la 230-G. Une rétrospective de matériel est présentée, allant de la rame St.Germain aux voitures Corail. La SNCF a amené une voiture cinéma, une voiture club 34 et trois voitures “nouvelle première”. Outre la 230-G-353, on note aussi la présence de la 2D2-9135 et de wagons-poste de 1895 à nos jours. La saison se termine par un Paris – Épernay le 17 novembre, avec visite et repas au champagne dans les caves de Castellane. La VP 4038 effectue là sa dernière sortie avant rénovation. 

1992 débute par de gros travaux sur la Pullman 4038, et un important chantier de reconstruction des voies en rayon autour de la rotonde, chantier qui s’achève en juillet. Le 26 avril, la 140-C et sa rame avec la VR effectuent un tour de la grande ceinture qui les mène à Valmondois. Le 13 juin, un spécial Facs est organisé au départ de Paris-Austerlitz et à destination d’Orléans et Pithiviers, avec la 231-K-8 et la rame AJECTA. Le 21 juin, avec départ de Paris-Lyon. Il s’agit de la dernière sortie de la 140-C avant sa chute de timbre. La rame comprend les VP 4151 et 4159 de la CIWL, à la place de la 4155 prévue mais pas encore prête. Les visites de la cathédrale et du palais Jacques-Coeur sont organisées pour les voyageurs. Le 11 octobre, dans le cadre de la JPO, l’AJECTA présente une véritable parade de locomotives sur les voies de rayon. Inoubliable spectacle. Cette année, du fait de l’immobilisation de la 140-C pour sa révision décennale, les navettes Longueville – Provins sont assurées par la 230-G-353. le 18, la 231-K-8 assure un spécial Ajecta Paris-Bercy – Laon – Reims – Épernay – Château-Thierry – Paris-Bercy. La rame comprend à nouveau les VP 4151 et 4159 jumelées à la VR 4207. Un AR Paris – Blois clôt la saison le 22 novembre. Cette fois, c’est la 2D2-5525 qui emmène la rame AJECTA avec la VP 4155 enfin sortie de révision et agréée. 

1993 en l’absence de la 140-C, la 231-K-8. assure un Paris – Dijon le 16 mai, sur la ligne impériale avec arrêts à Montereau, Laroche et Tonnerre et visite de la ville de Dijon. Le départ et le retour s’effectuent à Paris-Austerlitz. Le Copef organise ensuite un tour de Paris sur la petite ceinture le 5 juin, avec la 140-C-231 et la A3B4E de l’AJECTA, ainsi que la VP 4148 CIWL et une rame de voitures UIC (pour avoir la sono). Ce train marque le retour de la 140-C après sa GRG. À ce moment, la pose de nouvelles voies se poursuit au dépôt et un programme informatique de réservation des places est lancé. La 140-C assure ensuite un Paris-Est – Provins le 13 juin, à l’occasion de la fête médiévale. Après la JPO du 19 septembre (cinq navettes sur Provins), un Paris – Vézelay le 10 octobre au départ de Paris-Austerlitz est tracté en alternance par la 2D2-5525 et la 140-C-231 jusqu’à Cravant, avec la visite de la basilique de Vézelay. Le traditionnel Train du Champagne termine l’année le 21 novembre, par un parcours Paris – Épernay, avec retour par Reims et La Ferté-Milon Derniers engins à revenir de Richelieu, les autorails X-3601 et 5506 ainsi que les voitures C3rtfp AL et C6tf AL et un fourgon Est sont directement acheminés à Bueil. Ils sont mis à la disposition du Chemin de Fer de la Vallée de l’Eure (CFVE) à Pacy-sur-Eure, pour la future ligne touristique. Une dernière voiture lits, la 3903, achetée grâce à une souscription interne, arrive au dépôt le 17 octobre. 

1994, en février début des travaux sur la 030-TU-22, locomotive américaine importée pendant la deuxième guerre mondiale pour le Transportation Corps US. L’AJECTA propose un train Paris-Nord – Longueau – Tergnier – Compiègne – Paris-Nord le 27 mars. Le but en est la visite du château de Pierrefonds et de la clairière de l’Armistice où est présentée la VR 2419 dans laquelle a été signé l’Armistice du 11 novembre 1918. (La vraie 2419 ayant été détruite en Allemagne, c’est la 2439 de la même série qui a pris sa place). Puis, dans le cadre de la deuxième fête de la vapeur à Noyelles organisée par le Chemin de Fer de la Baie de Somme, la 140-C et sa rame effectuent le samedi 7 mai un trajet Paris – Amiens. La 231-G-558 la rejoint alors, et c’est une double traction 140-C et 231-G (AJECTA/PVC) qui continue le trajet jusqu’à Boulogne et Calais où est proposée la visite des installations d’Eurotunnel. A Noyelles, c’est l’ambiance des grands jours avec la concentration de six machines en pression : trois du CFBS à voie métrique, la 231-G-558, la 140-C-231 et la Marc-Seguin qui va parcourir 25 km et transporter 600 passagers durant la manifestation. Les chanceux qui ont emprunté sa voiture à banquettes de bois, ont connu la griserie d’une vitesse de… 13 km/h dans le superbe paysage de la baie. Le retour du dimanche 8 s’effectue à nouveau en double traction 231-G et 140-C de Calais à Noyelles. Malheureusement, suite à une avarie, la 140-C doit rentrer haut-le-pied au dépôt de Longueau pour y être réparée. Ce n’est que le 14 mai qu’elle rejoint Longueville, toujours HLP. Le 29 mai, l’AJECTA et la CIWL organisent un A/R Paris-Est – Épernay, qui est suivi le 19 juin par le Paris-Est – raccordement de l’Évangile – Le Tréport de l’AJECTA. La JPO a lieu le 17 septembre. Un nouveau voyage sur deux jours est proposé par l’AJECTA les 8 et 9 octobre. Il s’agit cette fois d’un trajet international : Paris-Nord – Bruges -Bruxelles avec visite de Bruges et parcours en tramways spéciaux à Bruxelles. L’année se termine ensuite par un A/R Paris Lyon – Meaux – Épernay le 27 novembre et par la peinture d’un wagon couvert et du wagon L-260. La draisine D-760 revenue trop dépouillée de Richelieu est ferraillée, tandis qu’arrivent les voitures C6 Est longtemps restées à Noisy le Sec. 

1995, deux nouveaux fourgons Ocem arrivent et le 9 avril, un train Paris-Est – Villeneuve -Laroche – Troyes lance la saison. Il est suivi d’un Paris-Lyon – Cosne – St.Satur avec visite d’un vignoble et dégustation de vin de Sancerre le 18 juin. Les véhicules garés à Bueil sont transférés à Pacy-sur-Eure, de même que deux remorques d’autorail unifiées que l’AJECTA a acheté pour le CFVE en vue du futur train touristique de la vallée de l’Eure. La JPO a lieu le 17 septembre avec les habituelles navettes et la participation d’une draisine à bras, ainsi qu’un festival de films pour le centenaire du cinéma. Et le 24 septembre, à l’occasion du festival IDF, l’AJECTA organise un Paris-Est – Longueville et retour. Puis un Paris-Est – Nancy via Verdun et Conflans-Jarny se déroule sur deux jours les 14 et 15 octobre, avec visite de la citadelle de Verdun, de la nécropole de Douaumont et du fort de Vaux. Le lendemain est consacré à la visite de la ville de Nancy. Au retour, le charbon pris à Verdun n’étant pas de bonne qualité, la 140-C connait des problèmes de chauffe. L’année se termine par le traditionnel Paris-Est – Épernay via La Ferté-Milon et Reims le 26 novembre, avec la rame renforcée de deux voitures inox TEE et de la VR 2976 CIWL. Pour changer, le repas a lieu à la Maison du Vigneron, dans la montagne de Reims. A cette époque, l’organisation de circulations vapeur sur le réseau national rencontre de plus en plus de difficultés, car elle est confrontée à une réglementation draconienne de la part de la SNCF. Hormis les habituelles navettes entre Longueville et Provins dans le cadre de la Journée Portes Ouvertes, 

1996 ne verra que deux trains spéciaux AJECTA. Le premier est un A/R Paris – Provins le 9 juin, à l’occasion de la fête médiévale, ce jour- là, le train AJECTA comporte en plus le wagon-poste Ocem de l’ACAPF, citée plus haut. Après la JPO du 15 septembre, qui comme l’année dernière voit les évolutions d’une draisine à bras, le Paris – Reims – Épernay a lieu le 24 novembre avec repas à la Maison du Vigneron Plusieurs chantiers sont menés en 1995/96. Tout d’abord, la rénovation de l’allège postale 326 État en bois tôlé de 1898 qu’il faut entièrement reconstruire et retôler; puis après sa sortie d’atelier, c’est l’installation du chauffage vapeur (chaudière réservoir et tuyauterie) et de cloisons sur la VP 4038. La restauration du dépôt débute par la réalisation et le montage de hottes et de cheminées neuves, la remise en état des verrières et enfin la réfection du bardage avec révision de tous les châssis de fenêtre. En mars, arrivée du locotracteur 931 provenant de l’ancienne centrale ÉdF de Porcheville 1 et de la voiture salon ex-PLM n° 10. A la fin de l’année, la locomotive Rimaucourt et la voiture 1re classe de la rame St.Germain sont exposées à Paris, sur l’avenue Daumesnil devant le Viaduc-Café. 

1997, poursuite des travaux sur le dépôt avec le remplacement partiel des poutres les plus avariées, la réfection du pignon, et de belles tuiles de faîtage marquées Est sont réalisées et mises en place à l’arrière du dépôt. Comme l’année précédente, la 140-C et sa rame n’effectuent que deux sorties. Les 21 et 22 juin, le 5e Génie, seul régiment spécialisé dans le domaine ferroviaire, organise un week-end portes ouvertes axé sur le thème du chemin de fer qu’il illustre avec ses trains-parcs et ses locotracteurs. Pour ces deux jours, le Copef et l’AJECTA proposent deux trains vapeur tractés par la 140-C entre Paris-Est et Versailles-Matelots par la grande ceinture. Puis ces trains assurent des circulations sur la boucle interne du camp. L’attraction la plus prisée de ces JPO est bien naturellement celle offerte par le célèbre “diplodocus” (grue géante), avec démonstration de pose et dépose d’un pont métallique. Plusieurs machines à vapeur, des voitures, des wagons et une exposition de modélisme avec la présence de quelques artisans complètent l’attrait de ces belles journées. Après la JPO du 22 septembre à Longueville, le train du champagne Paris – La Ferté-Milon – Reims avec visite de la cathédrale, clôt cette petite saison. 

1998, une nette reprise pour les circulations des trains spéciaux d’associations. Les 25 et 26 avril, le Chemin de Fer de la Baie de Somme organise pour la cinquième fois sa fête de la vapeur. Le programme particulièrement riche réunit les 231-K-8, 231-G-558, 140-C-231 et 140-C-314, 030 du Kent & East-Sussex Railway, ainsi que toutes les locomotives du CFBS, dont la 130-T Haine-St.Pierre qui reprend du service après trente ans de sommeil. Un service cadencé entre Noyelles et St Valéry sur Somme ou Cayeux, avec en plus la circulation de la Micheline ZM-514 rapatriée de Madagascar, les évolutions en gare de la locomotive Marc-Seguin et une grande exposition de modélisme font de cette manifestation un évènement qu’il ne fallait pas manquer. L’AJECTA a participé à la fête par un train affrété conjointement avec le Copef le samedi 26. Au dépôt, les travaux continuent sur la VP 4038 et l’allège postale 326, la cuisine de la VR 4207 est entièrement refaite et la locomotive 4-853 Nord est rénovée “esthétiquement”. Malheureusement, l’association subit des bris de vitres sur certaines voitures à la fin mai. Les 6 et 7 juin, la SNCF propose des journées portes ouvertes pour les 150 ans des ateliers d’Épernay. La 140-C y participe avec sa rame, mais sans les VP 4155 et VR 4207. Le train y est acheminé sans voyageurs via la grande ceinture et Vaires le 5 juin. Le 6, il effectue deux navettes Épernay – Reims et le retour a lieu le 7 par Vaires et la grande ceinture. Le 14 juin, l’AJECTA organise un AR Paris-Nord – Beauvais – Le Tréport. Durant l’été, à l’occasion de la première saison du Train à vapeur du Trieux, la rame AJECTA, quatre voitures sans les VR et VP, est prêtée aux CFTA pour assurer le premier touristique de Bretagne avec la 230-G 353. La “vapeur du Trieux” circule du 3 juillet au 13 septembre sur les 17 km de la ligne qui longe l’estuaire du Trieux entre Pontrieux et Paimpol. A la rentrée, la rame est de retour pour les quatre navettes Longueville – Provins de la JPO du 20 septembre marquée par la circulation d’un vélorail et la présence de la 230-G-353. L’année se termine le 11 octobre par l’aller-retour Paris-Est – Épernay du train du champagne. Le 6 septembre, la 141-TB-424 s’est arrêtée à Longueville lors de son acheminement de Mulhouse à Paris pour l’exposition Bercy-Expo de la SNCF. Vers la fin de l’année est effectué le levage de la 140-C et de son tender.

1999, les voitures A3B5 État et C10 PO-Midi sont repeintes aux ateliers CFTA de Gray et le 4 mai, une marche d’essai HLP de la 140-C entre Longueville et Nogent sur Seine donne le coup d’envoi de la saison avec, le 6 juin, un train Paris-St.Lazare – Serquigny – Rouen et retour direct par Mantes – St Lazare. Le 20 juin, la voiture de 2e classe de la rame St.Germain est présentée aux journées portes ouvertes du 5eRégiment du Génie à Versailles-Matelots. Du 2 au 11 juillet, l’AJECTA et l’ACAPF participent à Philexfrance, le mondial du timbre à Paris-Expo, porte de Versailles. Dans le cadre de l’histoire du transport ferroviaire postal, L’AJECTA y présente l’allège postale de 1898 en bois tôlé n° 326 État qui vient juste d’être magnifiquement restaurée et le wagon-poste Alsace-Lorraine Ocem de 1933 (PAtf-41056), l’ACAPF exposant un WP Ocem de 21,60 m dans sa dernière livrée jaune-jonquille. Cette manifestation a connu un grand succès populaire. En septembre, les CFTA organisent quatre navettes Longueville – Provins le 5, à nouveau quatre le 12, puis cinq le 19 avec l’AJECTA pour la JPO à laquelle participent les wagons poste rentrés de la porte de Versailles. Le 10 octobre, l’AJECTA propose un A/R Paris-Est – Tours via Noisy le Sec, Juvisy et Les Aubrais. La visite du château et de la ville d’Amboise en constitue le programme. Pendant ce temps, la 140-C-231 se rend à St.Pierre-des-Corps HLP pour être réorientée sur la plaque, qui a heureusement été préservée. À ce voyage participe encore le wagon-poste OCEM de l’ACAPF, qui depuis sa première sortie de juin 1996 effectue au moins un voyage par an. fin 1999, la 140-C-231 affiche 3390 km à son compteur, dont 1420 avec voyageurs.  La décennie se termine par la grosse tempête de décembre 1999 qui cause d’importants dégâts à la rotonde de Longueville. Les verrières et les rideaux métalliques ont été malmenés et des tuiles se sont envolées. Il faudra beaucoup de temps pour réparer ces dégâts.

A suivre… L’histoire récente de l’AJECTA (depuis 2000)

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